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Sahara occidental : Biden ne reviendra pas sur la reconnaissance par Trump de la souveraineté du Maroc

Après de longues discussions, les responsables américains ont décidé de s’en tenir à la politique controversée de Trump, selon Axios
Un drapeau américain et un drapeau marocain apparaissent à côté d’une carte du Maroc approuvée par le département d’État américain, reconnaissant le territoire internationalement contesté du Sahara occidental, le 12 décembre 2020 (AFP)
Un drapeau américain et un drapeau marocain apparaissent à côté d’une carte du Maroc approuvée par le département d’État américain, reconnaissant le territoire internationalement contesté du Sahara occidental, le 12 décembre 2020 (AFP)
Par MEE

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a indiqué vendredi au ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita que l’administration Biden s’en tiendrait à la reconnaissance par le président Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental malgré l’opposition de sénateurs, selon le site Axios.

Marquant un revirement par rapport à la politique américaine adoptée depuis longtemps vis-à-vis du territoire contesté, l’administration Trump a pris cette décision fin 2020 pour récompenser Rabat de la normalisation de ses relations avec Israël.

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Le Sahara occidental, un territoire du nord-ouest de l’Afrique s’étendant sur 266 000 km2, était sous occupation espagnole jusqu’en 1975. Après le retrait des Espagnols, le Maroc et la Mauritanie ont tous deux revendiqué le territoire, tandis que les nationalistes sahraouis dirigés par le Front Polisario réclamaient l’indépendance. 

En 1979, la Mauritanie a renoncé à ses revendications sur le territoire, passé en grande partie sous le contrôle de facto du Maroc. Mais le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, a continué de faire pression pour obtenir la proclamation de sa propre République arabe sahraouie démocratique.

Le conflit, qui ressurgit encore périodiquement, a entraîné le déplacement de plus de 100 000 Sahraouis, qui vivent pour la plupart dans des camps en Algérie.

La décision de Trump a fait des États-Unis le seul pays à reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

« Des avantages à long terme »

Selon l’article d’Axios, Israël craignait que le processus de normalisation de ses relations avec le Maroc ne soit écarté si Biden revenait sur sa politique.

Le communiqué du département d’État au sujet de la conversation téléphonique entre Nasser Bourita et le secrétaire d’État américain précise qu’Antony Blinken « a salué les mesures prises par le Maroc pour améliorer les relations avec Israël et noté que la relation entre le Maroc et Israël apporterait des avantages à long terme aux deux pays ».

De hauts responsables américains ayant discuté de la question pendant plusieurs semaines ont conclu qu’ils coopèreraient avec le Maroc pour nommer un nouvel envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental afin de relancer les pourparlers sur l’octroi éventuel d’une autonomie régionale, poursuit l’article.

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En février, plus d’une vingtaine de sénateurs américains des deux grands partis ont appelé le président Biden à revenir sur la décision de Trump.

Dans une lettre rédigée à l’initiative du républicain Jim Inhofe et du démocrate Patrick Leahy, 25 législateurs ont qualifié d’« illégitime » la revendication du Maroc sur le Sahara occidental et demandé à Biden de revenir sur cette « décision malavisée ».

« La décision brusque prise le 11 décembre 2020 par l’administration précédente de reconnaître officiellement les revendications illégitimes de souveraineté du Royaume du Maroc sur le Sahara occidental est irréfléchie, compromet plusieurs décennies de politique cohérente des États-Unis et contrarie un nombre important de nations africaines », ont écrit les sénateurs.

Jusqu’à la fin de l’année dernière, la majeure partie de la communauté internationale, y compris les États-Unis, penchait en faveur de l’organisation d’un référendum au Sahara occidental pour déterminer le sort du territoire – lui accorder l’autonomie, le rendre indépendant ou l’intégrer au Maroc.

Cependant, dans le cadre de son offensive visant à formaliser les liens diplomatiques entre Israël et les États arabes, Donald Trump a donné son assentiment à la revendication du Maroc vis-à-vis du territoire contesté et lancé en janvier le processus d’ouverture d’un consulat américain.

Cadeaux

En décembre dernier, Jared Kushner, gendre et conseiller de haut rang de Trump, a confirmé que la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental était liée à la normalisation des relations du royaume avec Israël. Après l’annonce, il a déclaré à des journalistes que la normalisation pourrait aider le peuple sahraoui à « vivre une vie meilleure ».

« Le président avait l’impression que ce conflit les bridait […] Cette reconnaissance renforcera les relations de l’Amérique avec le Maroc », a-t-il assuré.

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Au cours de ses derniers mois au pouvoir, l’administration Trump a distribué divers cadeaux aux États arabes qui ont officiellement établi des liens avec Israël.

Tandis que le Maroc a été conforté dans ses revendications vis-à-vis du Sahara occidental, les Émirats arabes unis ont obtenu un contrat pour des avions de combat F-35 de haute technologie que la nouvelle administration a ensuite gelé. Le Soudan a été retiré de la liste américaine des États commanditaires du terrorisme.

La lettre rédigée en février par les sénateurs ne mentionne ni Israël, ni la normalisation. Parmi ses signataires figurent certains des plus ardents défenseurs d’Israël au Congrès, notamment le sénateur démocrate du New Jersey Cory Booker.

« Les États-Unis doivent au peuple sahraoui d’honorer leur engagement, de veiller à ce que les Marocains respectent le leur et de mener à bien ce référendum », indique la lettre. « Le peuple sahraoui mérite le droit de choisir librement son propre destin. Nous espérons pouvoir compter sur votre coopération dans cette entreprise. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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