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EXCLUSIF : La Turquie va abandonner des postes d’observation à Idleb en Syrie

Ce retrait survient alors que les Russes entravent le ravitaillement et que Damas attise les manifestations contre la présence turque
Un soldat de l’armée syrienne regarde un poste d’observation militaire turc dans le district d’al-Rashidin, dans la campagne au sud-ouest d’Alep en janvier (AFP)
Un soldat de l’armée syrienne regarde un poste d’observation militaire turc dans le district d’al-Rashidin, dans la campagne au sud-ouest d’Alep en janvier (AFP)

Selon les informations recueillies par Middle East Eye, la Turquie a décidé d’abandonner certaines de ses positions militaires dans la province syrienne d’Idleb, notamment certains postes d’observation établis dans le cadre d’un accord avec la Russie.

La Turquie a mis en place douze postes d’observation du cessez-le-feu dans les environs d’Idleb après un accord conclu en 2017 qui a contré une offensive du gouvernement syrien soutenu par la Russie, laquelle menaçait de mettre fin au régime rebelle dans la province et de déplacer des millions de réfugiés vers la frontière turque.

Mais deux sources au fait de cette décision ont confié à MEE que l’armée turque allait quitter quatre postes d’observation et deux sites militaires encerclés par les forces du gouvernement syrien plus tôt cette année lors d’une nouvelle offensive sur la province tenue par les rebelles.

Carte de la Syrie

« Ces postes d’observation se trouvent dans des zones difficiles à défendre dans la situation actuelle, tel que Morek et Chir Maghar », a déclaré une de nos interlocuteurs. « Ces sites militaires se situent à proximité de Saraqeb. »

Un responsable de l’armée turque a démenti tout retrait de ces positions par Ankara.

La décision de la Turquie de se retirer de ces zones est une surprise car Ankara insistait lourdement sur le fait qu’elle s’y maintiendrait pour disposer d’un moyen de pression lors de futures négociations avec Moscou et Damas.

Idleb est d’une importance capitale pour les dirigeants turcs car ces derniers estiment ne pas pouvoir se permettre une nouvelle crise des réfugiés syriens dans un contexte de crise économique, en particulier avec le ressentiment xénophobe contre les Syriens qui monte en Turquie.

Le conflit syrien approche de son dixième anniversaire

L’accord de 2017 entre Ankara et Moscou a en grande partie gelé le conflit syrien qui approche désormais de son dixième anniversaire. Cependant, lorsque les hostilités ont repris en février, l’avancée des forces du gouvernement syrien a fait une soixantaine de morts parmi les soldats turcs déployés dans le nord de la Syrie, faisant monter d’un cran les tensions.

En réaction, Ankara a déployé des centaines de membres des forces spéciales, de véhicules blindés, de systèmes de défense antiaérienne, de chars et d’artillerie. Les drones armés par les Turcs ont également pilonné les convois militaires syriens et les systèmes de défense antiaérienne.

L’accord de cessez-le-feu conclu en mars entre le président turc Recep Tayyip Erdoğan et son homologue russe Vladimir Poutine n’abordait pas les positions turques désormais encerclées par les forces de Damas.

Huit postes d’observation et cinq petits postes fortifiés turcs sont actuellement encerclés par les troupes syriennes.

Les tensions entre la Turquie et la Russie se sont accrues après l’échec d’une série de négociations entre les deux pays sur la Syrie et la Libye. Toutes les deux sont aussi engluées dans le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie

Selon les sources de MEE, l’armée turque a décidé ce retrait après une série de développements. D’abord, la Russie a soit bloqué soit grandement entravé la capacité de la Turquie à ravitailler ses positions.

« Le régime a également amené des soi-disant civils par bus près des postes militaires, les poussant à s’en prendre aux soldats turcs. Il s’agissait de provocations du régime », a déclaré l’une d’elles.

Par ailleurs, les tensions entre la Turquie et la Russie se sont accrues après l’échec d’une série de négociations entre les deux pays sur la Syrie et la Libye à Ankara le mois dernier. 

Enfin, toutes les deux sont désormais engluées dans le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

Le nord de la Syrie, objet de tractations entre Moscou et Ankara
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Les responsables turcs pensent que la Russie pourrait déclencher un conflit à Idleb à tout moment car elle ne veut pas d’un nouvel arrangement dans la province susceptible de stabiliser la situation à long terme. 

Le président syrien Bachar al-Assad est catégorique : il reprendra le contrôle de l’ensemble du territoire perdu face aux rebelles et aux forces étrangères depuis 2011.

Un média d’opposition syrien local a laissé entendre que l’armée turque se préparait à des affrontements à venir lors de la localisation de ses positions militaires.

Dans le même temps, elle continue de déployer davantage de soldats dans le sud d’Idleb pour renforcer ses défenses.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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