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« Méfiez-vous de certaines bombes » : les conseils des Syriens pour survivre à l’invasion russe

Rester unis, prévoir de l’eau potable, rester à l’écoute des missiles… Les Syriens, qui ont souffert de l’intervention russe dans leur pays en 2015, partagent leurs expériences avec les Ukrainiens
Des Syriens manifestent devant un véhicule militaire turc, avant l’arrivée de patrouilles conjointes turques et russes au sud-est de la ville d’Idleb, le 15 mars 2020 (AFP)
Des Syriens manifestent devant un véhicule militaire turc, avant l’arrivée de patrouilles conjointes turques et russes au sud-est de la ville d’Idleb, le 15 mars 2020 (AFP)

Pour certains civils du nord-ouest de la Syrie, la dernière région contrôlée par l’opposition dans ce pays ravagé par la guerre, l’invasion de l’Ukraine par la Russie rappelle leur propre situation.

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Venue soutenir le président syrien Bachar al-Assad dans le contexte de la longue guerre civile, la Russie a commis au moins 357 massacres de civils en Syrie depuis le lancement de ses opérations militaires dans le pays en 2015, indique le Réseau syrien des droits de l’homme, établi au Royaume-Uni.

La Russie a également lancé plus de 1 200 attaques contre des installations vitales, notamment des hôpitaux, des écoles et des marchés. Elle a par ailleurs exercé à seize reprises son droit de veto en faveur d’Assad au Conseil de sécurité de l’ONU, rapporte l’ONG.  

Une semaine après le lancement de l’invasion de l’Ukraine, la Russie n’a pas encore atteint son objectif de renverser le gouvernement ukrainien. Mais selon le service d’urgence ukrainien, les forces russes ont tué plus de 2 000 civils et détruit des hôpitaux, des crèches et des habitations.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, des Syriens partagent en ligne des conseils pour vivre dans une zone de guerre et survivre aux attaques russes.

« Des tactiques déloyales »

Ahmad al-Abdallah, un habitant d’Idleb, a ouvert une discussion Twitter destinée aux Ukrainiens.

« La Russie aime attaquer les infrastructures », écrit-il.

Traduction : « Quelques conseils pour ceux qui se trouvent en zone de guerre.

1. Donnez votre sang à l’hôpital dès que vous le pouvez, les bombardements sont affreux et font de nombreuses victimes.

2. Si vous êtes près des lignes de front, assurez-vous d’avoir suffisamment d’eau potable. »

« Quand vous entendez le missile, c’est probablement qu’il passe à côté. D’ordinaire, vous n’entendrez pas un missile qui vient vers vous », ajoute-t-il. « Méfiez-vous de certaines ‘’bombes non explosées‘’, certaines sont conçues pour tuer à bout portant », explique-t-il.

Commentant la discussion Twitter, un internaute syrien écrit : « Ce sont des conseils très importants donnés par un Syrien […] La Russie emploie généralement des tactiques déloyales, tous ses coups sont donnés en dessous de la ceinture. »

Traduction : « Des conseils importants et pratiques pour ceux qui subissent les bombardements russes, de la part d’un Syrien qui les a vécus. »

Certains ont demandé que les conseils soient traduits en ukrainien, afin de toucher un public aussi large que possible.

« Nous avons beaucoup souffert des fausses promesses russes »

Abdul Jabbar al-Okaidi, ancien général et porte-parole de l’Armée syrienne libre à Alep, s’est adressé au Washington Post en début de semaine et a livré ses propres conseils.

« Je dirais de ne pas compter sur la communauté internationale, de ne pas compter sur les États-Unis, car ils ont laissé à Poutine un chèque en blanc et le champ libre en Syrie », a-t-il affirmé.

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« Vous avez un président courageux et brave. Vous avez des dirigeants courageux et braves. Unissez-vous autour d’eux », a-t-il ajouté.

Il s’est adressé directement aux Ukrainiens : « Sachez simplement que vous êtes plus puissants que les gens ne le pensent. Unissez-vous et combattez-les aussi longtemps que vous le pourrez […] Nous croyons en vous. Nous prions pour que vous teniez. »

La semaine dernière, Aziz al-Asmar, un habitant d’Idleb, a déclaré à MEE : « La Russie n’a que faire de verser le sang de milliers d’innocents pour servir ses propres intérêts. Nous avons beaucoup souffert des fausses promesses russes. J’espère que les Ukrainiens ne souffriront pas. »

La Russie est entrée en Syrie en 2015, alors qu’Assad rencontrait des difficultés pour repousser les forces révolutionnaires. Le maintien d’Assad au pouvoir à l’heure actuelle est majoritairement attribué à cette intervention.

Par ailleurs, selon des analystes, la campagne menée par la Russie en Syrie lui a permis de bénéficier d’« une scène idéale pour tester et aiguiser ses capacités militaires et ses armes » et de développer ainsi « son goût pour le pouvoir ».

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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