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« Ils nous ont mitraillés et j’ai fait semblant d’être mort » : des Libyens racontent la brutalité des mercenaires russes

Au cœur du conflit en Libye : les combattants du groupe Wagner. MEE a rencontré au sud de Tripoli des Libyens qui sont tombés entre leurs mains et qui ont survécu
Mohammed Abu Ajila Enbis dans la maison dont il avait été chassé, à Espiaa, fin 2019 (MEE/Daniel Hilton)
Mohammed Abu Ajila Enbis dans la maison dont il avait été chassé, à Espiaa, fin 2019 (MEE/Daniel Hilton)
Par Daniel Hilton à ESPIAA, Libye

Lorsque le mercenaire de Wagner a placé sa main sur l’épaule de Mohammed Abu Ajila Enbis, le poussant sur les graviers et braquant son arme, le jeune homme de 28 ans était effrayé – mais il était avant tout surpris.

« Ils nous avaient bien traités », raconte-t-il à Middle East Eye, se tenant dans la dépendance criblée de balles où il a perdu son père, son frère, et son beau-frère. « Ils nous avaient donné à boire et à manger, et nous supposions qu’ils allaient finir par nous laisser partir. »

Mohammed Abu Ajila Enbis est tombé sur des combattants étrangers, s’exprimant apparemment en russe et en anglais, près de sa maison à Espiaa, une ville rurale à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tripoli.

Il avait été chassé de chez lui par des combats acharnés, le 23 septembre 2019, lorsque l’offensive sur Tripoli de Khalifa Haftar, commandant de l’Armée nationale libyenne (ANL), était à son apogée.

La dépendance où la famille de Mohammed Abu Ajila Enbis a été abattue par des mercenaires étrangers (MEE/Daniel Hilton)
La dépendance où la famille de Mohammed Abu Ajila Enbis a été abattue par des mercenaires étrangers (MEE/Daniel Hilton)

Profitant d’une accalmie dans les combats, il s’est risqué à rentrer chez lui pour jeter un œil à sa propriété. Mais tandis qu’il avançait à travers champs, sous couvert des ombres de la fin d’après-midi, il est tombé sur des mercenaires.

Ils appartenaient vraisemblablement au groupe Wagner, une armée privée liée au Kremlin, envoyée en Libye en soutien à l’ANL, qui peinait à s’emparer de Tripoli, tenue par le Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU.

« Ils se sont retournés, m’ont vu et ont effectué des tirs de sommation en l’air », se souvient-il. « Mais ensuite, je me suis enfui et ils m’ont suivi. »

Par inadvertance, Mohammed Abu Ajila Enbis a conduit les combattants jusqu’à la maison où il s’abritait dans la ville voisine d’al-Hurriyah. Là-bas, ils l’ont détenu avec son père, Abu Ajila, ses frères Hussam et Mohammed, et son beau-frère Hamza.

« Ils nous ont pris nos cartes d’identité et nos téléphones. Ils disposaient de beaucoup d’équipement et ils parlaient clairement russe », raconte le jeune Libyen.

« Tous ces Russes étaient grands, corpulents, et l’un d’eux semblait avoir une prothèse de jambe »

- Mohammed Abu Ajila Enbis

Pendant les quelques heures qui ont suivi, ils ont déplacé la famille d’un endroit à l’autre. « À un moment donné, ils nous ont emmenés dans un poste de commandement sur le terrain, où ils semblent avoir discuté de notre sort avec leurs commandants », poursuit-il.

« C’était une nuit chaude, et pendant qu’ils nous détenaient à l’arrière d’une camionnette, ils nous aspergeaient la tête d’eau. L’eau avait rendu les bandeaux qu’ils nous avaient mis sur les yeux transparents et je pouvais voir leurs visages rougeauds et leurs yeux verts. Tous ces Russes étaient grands, corpulents, et l’un d’eux semblait avoir une prothèse de jambe. »

Finalement, Mohammed Abu Ajila Enbis et sa famille ont été emmenés dans une ferme. Un par un, ils ont été ligotés avec un bandeau sur les yeux, placés dans une dépendance en béton, puis contraints de s’agenouiller en ligne.

« J’étais le dernier de la ligne. Puis ils nous ont mitraillés. Je me suis jeté par terre et j’ai fait semblant d’être mort. »

Mais les combattants, apparemment pressés, sont partis sans vérifier que leurs captifs étaient morts. Mohammed Abu Ajila Enbis est resté couché au sol, en silence, dans le noir à côté de ses proches sans vie, jusqu’à ce qu’il entende quelques minutes plus tard : « Mes frères, êtes-vous vivants ? Que s’est-il passé ? Que s’est-il passé ? Père, es-tu vivant ? »

Son frère Hussam a survécu mais a été touché plusieurs fois à la jambe. Les autres membres de la famille sont morts.

De la Syrie à la République centrafricaine

En tant que société militaire privée, amalgame opaque de sociétés et d’entrepreneurs troubles, Wagner n’a aucun lien officiel avec le Kremlin. Mais ses liens avec Evguéni Prigojine, proche associé de Vladimir Poutine et homme d’affaires ayant fait fortune dans la restauration, reflètent une autre réalité.

Tout comme les théâtres sur lesquels elle opère : les mercenaires de Wagner ont été signalés en Syrie, en Ukraine, en Biélorussie et en République centrafricaine, des lieux revêtant un intérêt stratégique pour Moscou.

Kirill Semenov, spécialiste de la Libye au think tank Russian International Affairs Council de Moscou, explique à MEE : « Les activités de Wagner font l’objet de contrats indépendants. Mais avant de conclure un contrat, ils se coordonnent avec les structures du gouvernement russe, bien que je doute que ce soit le Kremlin. Il est plus probable que les dirigeants de Wagner coordonnent leurs actions avec le ministère de la Défense. »

Après la Syrie, les ambitions du groupe militaire privé Wagner pour la Libye
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Moscou a beaucoup misé en Libye, désireux de garantir des contrats de construction et d’armement d’une valeur de quatre milliards de dollars passés avec l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi et pour s’assurer un point d’appui en Méditerranée. En conséquence, il a maintenu le contact avec Khalifa Haftar, le Gouvernement d’union nationale et même Saïf al-Islam, le fils de Kadhafi, ces dernières années.

Mais son soutien à Haftar s’est accru au fil du temps. En 2016, la visite d’un navire de guerre russe par Haftar a été suivie par une aide logistique et économique et finalement le déploiement de 300 combattants de Wagner en mars 2019, un mois avant l’offensive de l’ANL sur Tripoli.

Tandis que l’ANL luttait pour franchir les banlieues de la capitale à la fin de l’année dernière, Haftar a demandé plus d’aide. Il disposait déjà du soutien militaire de l’Égypte et des Émirats arabes unis (lesquels lui ont fourni des armes, du matériel et une puissance aérienne) ainsi que de la couverture diplomatique de la France. Mais il avait besoin d’une expertise supplémentaire – et il s’est tourné vers la Russie.

Certaines informations évaluent le nombre d’agents Wagner en Libye à plusieurs milliers, même si Kirill Semenov estime ce nombre improbable à moins que les Syriens recrutés au sein des milices pro-Bachar al-Assad soient pris en compte. 

Les Russes dominent ses rangs, mais Wagner est également connu pour employer des Serbes et des Ukrainiens. 

« La contribution du groupe Wagner à la stabilité du front de l’ANL près de Tripoli a été assez importante. Mais il s’agit davantage de défense. Wagner avait peu de ressources pour soutenir l’offensive de l’ANL »

- Kirill Semenov, spécialiste de la Libye au think tank Russian International Affairs Council de Moscou

Mohammed Abu Ajila Enbis se souvient de mercenaires s’exprimant en anglais, ce qui soulève la question de la présence d’autres ressortissants – selon Kirill Semenov, cela pourrait être dû à l’implication de Wagner en Ukraine.

« Des ressortissants de nombreux pays, notamment de l’Union européenne, ont combattu au Donbass [territoire séparatiste prorusse à l’est de l’Ukraine] et ont pu rester en contact avec eux », selon lui.

En Libye, les mercenaires de Wagner ont fourni une formation aux combattants de l’ANL, ont aidé les artilleurs, ont protégé des officiers de haut rang, ont opéré les systèmes russes de défense antiaérienne Pantsir et ont réparé le matériel militaire. Les combattants du groupe ont également opéré en tant que snipers particulièrement efficaces, semant la peur au sein des forces du GNA et parmi les civils.

Mais les combattants de Wagner ont essentiellement permis aux bataillons de l’ANL de prendre l’avantage sur le front le plus difficile et le plus dangereux.

« Globalement, la contribution du groupe Wagner à la stabilité du front de l’ANL près de Tripoli a été assez importante. Mais il s’agit davantage de défense. Wagner avait peu de ressources pour soutenir l’offensive de l’ANL », indique Kirill Semenov.

Des preuves claires

Au printemps 2020, l’état d’esprit de Moscou avait changé. Wagner avait initialement donné à l’offensive de Haftar un nouvel élan, mais cela a amené la Turquie à soutenir son allié du GNA au moyen de drones, d’armes et de mercenaires syriens.

Pressentant qu’un siège continu sur Tripoli serait vain, Vladimir Poutine a parlé au président turc Recep Tayyip Erdoğan le 8 mai, précipitant un retrait de Wagner.

Les images qui ont ensuite circulé en ligne et dans les médias libyens étaient frappantes : des convois de véhicules blindés allant vers l’est, laissant l’ANL combattre seule.

Les forces de Haftar ont longtemps nié la présence des Russes, malgré les photos et vidéos d’étrangers bien équipés sur les routes ou dans des restaurants. Les dernières images rendent désormais ces démentis impossibles à croire.

Des combattants de Wagner dans un magasin, sur une route et dans un restaurant de vente à emporter (réseaux sociaux)
Des combattants de Wagner dans un magasin, sur une route et dans un restaurant de vente à emporter (réseaux sociaux)

L’ANL n’a pas tardé à perdre du terrain. Tandis que les combattants alliés au GNA reprenaient rapidement les banlieues de Tripoli, davantage de preuves d’une implication russe ont été découvertes, notamment des mines élaborées et des pièges abandonnés dans les maisons, une tactique condamnée par les États-Unis.

Le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) a annoncé en juillet disposer de preuves claires que Wagner avait disséminé des mines et des engins explosifs improvisés (EEI) à Tripoli et ses alentours.

« Les tactiques irresponsables du groupe Wagner prolongent le conflit et sont responsables des souffrances et morts inutiles de civils innocents », a déclaré le major-général Bradford Gering, son directeur des opérations. « La Russie a le pouvoir de les stopper, mais n’en a pas la volonté. »

Dans une banlieue d’Aïn Zara, des graffitis nationalistes blancs en russe ont été découverts sur les murs d’une mosquée.

Un graffiti russe proclame « Je vois des mosquées sur le sol russe, mais je préférerais les voir dans les feux de l’enfer » sur le mur de la mosquée d’Aïn Zara, à côté du tag néonazi 14/88 (réseaux sociaux)
Un graffiti russe proclame « Je vois des mosquées sur le sol russe, mais je préférerais les voir dans les feux de l’enfer » sur le mur de la mosquée d’Aïn Zara, à côté du tag néonazi 14/88 (réseaux so

L’un d’eux dit : « Je vois des mosquées sur le sol russe, mais je préférerais les voir dans les feux de l’enfer. » Il était accompagné d’un tag néo-nazi 14/88. Un autre dit : « Il n’y a pas de noir dans les couleurs du Zénith », référence à l’équipe de football de Saint-Pétersbourg, dont les supporteurs ultras sont des racistes notoires.

De tels sentiments sont fréquents au sein des rangs de Wagner, indique Kirill Semenov. « De ce que l’on sait, il y a effectivement beaucoup de fascistes, de nazis et de racistes au sein de Wagner qui s’identifient à des ‘’Vikings blancs’’. De plus, bon nombre d’entre eux ne sont pas chrétiens orthodoxes mais païens. »

« Un piège s’est déclenché et l’a tué »

Entouré de murs extérieurs et parsemé de pins, l’hôpital d’Espiaa constituait le siège parfait et calme pour Wagner. Entouré de terrains à découvert, ses combattants avaient une vue dégagée tout autour. Ce complexe était hors de portée de l’artillerie du GNA tout en permettant un accès rapide au front.

L’établissement avait également un château d’eau, deux générateurs d’électricité et de nombreux logements, grâce à la propension de Kadhafi à bâtir des hôpitaux avec des espaces de vie pour les personnels soignants étrangers.

Les logements de l’hôpital d’Espia étaient utilisés par les mercenaires Wagner comme leur siège (MEE/Daniel Hilton)
Les logements de l’hôpital d’Espia étaient utilisés par les mercenaires Wagner comme leur siège (MEE/Daniel Hilton)

Mais lorsque l’ordre de se retirer est arrivé, de nouvelles positions temporaires ont dû être sécurisées, pour le plus grand malheur d’Ahmad Ammar Ahmad, mécanicien dans la ville voisine de Tarhounah.

Le 21 mai, le fils d’Ahmad, Amr, 20 ans, est rentré chez eux à Tarhounah pour découvrir la porte ouverte et trois véhicules militaires garés dans l’atelier adjacent. Il a rapidement appelé son père.

« J’ai vu des Russes utiliser du matériel de communication. Lorsque j’ai tenté de négocier avec eux, un colosse syrien nommé Burkan est arrivé. Il a déclaré : ‘’Nous sommes frères, ne t’inquiète pas. Nous avons besoin de cet endroit pour quelques jours seulement et nous te le rendrons en parfait état’’ », se souvient Ahmad.

Ne voulant pas attirer l’attention des al-Kani, milice redoutée de l’ANL qui dirigeait la ville, Ahmad a fini par céder, ne revenant que deux jours plus tard après le retrait de l’antenne de Wagner de son toit et avoir vu les images du retrait des mercenaires à la télé.

« Ils m’ont dit qu’il n’y a pas de Russes ici, seulement l’armée libyenne, et m’ont fait dire qu’une frappe aérienne turque avait tué mon fils »

- Ahmad, un habitant de Tarhounah

C’était un dépotoir. L’endroit était jonché de mégots, chaussures, sacs et déchets.

« Nous avons commencé à nettoyer l’endroit pour l’Aïd. C’était le bazar dans la salle de bain et nous étions inquiets à propos du coronavirus. Il n’y avait pas d’eau et lorsque mon fils a commencé à monter les escaliers pour accéder au toit et vérifier le réservoir d’eau, un piège s’est déclenché et l’a tué. »

Un autre explosif a été trouvé plus haut. Lorsqu’Ahmad a tenté d’enregistrer la mort de son fils, les autorités de l’ANL à Tarhounah se sont hérissées face à son histoire.

« Ils m’ont dit qu’il n’y a pas de Russes ici, seulement l’armée libyenne, et m’ont fait dire qu’une frappe aérienne turque avait tué mon fils. »

Alliés permanents de Haftar

Pour la Russie, les sous-traitants militaires privés tels que Wagner sont un moyen d’être présent sur le terrain sans se salir les mains. La structure trouble de l’entreprise permet à Moscou d’affecter une certaine distance et un certain déni, d’autant plus que des atrocités sont signalées.

Mais le 14 octobre, il s’est produit un développement significatif : Prigojine a été frappé par les sanctions de l’Union européenne en raison de ses « liens étroits, notamment financiers » avec Wagner et de ses violations d’un embargo sur les armes de l’ONU sur la Libye, qui « menacent la paix, la stabilité et la sécurité ».

Cette image satellite du 14 juillet 2020 publiée par les États-Unis montrerait des utilitaires de Wagner et des véhicules blindés russes résistants aux mines et protégés contre les embuscades à Syrte, en Libye (AFP)
Cette image satellite du 14 juillet 2020 publiée par les États-Unis montrerait des utilitaires de Wagner et des véhicules blindés russes résistants aux mines et protégés contre les embuscades à Syrte,

Hanan Salah, chercheuse à Human Rights Watch pour la Libye, qualifie les sanctions de positives mais nuance : « Cela ne va vraiment pas assez loin ».

« Je pense que l’Union européenne ne devrait pas s’arrêter là. Va-t-elle sanctionner des groupes turcs ? Va-t-elle sanctionner les Émirats arabes unis ou l’Égypte pour leurs violations de l’embargo sur les armes ? » dit-elle à MEE.

« Ne vous arrêtez pas aux violations de l’embargo sur les armes, mais regardez leurs conséquences, les violations qui aboutissent à la violation de l’embargo sur les armes. »

Interrogé sur l’implication de Wagner dans l’offensive de Tripoli, le major-général Ahmed al-Mismari, porte-parole de l’ANL, a déclaré qu’il n’avait « aucune idée » de ce dont parlait MEE. « Mais je sais que la Russie dispose de grandes forces et qu’elle a des positions partout dans le monde, même en Grande-Bretagne et aussi près des frontières des États-Unis. S’ils veulent être quelque part, personne ne peut les arrêter. »

Aujourd’hui, les relations de Tripoli avec la Russie sont pour le moins glaciales.

Des mercenaires occidentaux ont aidé Haftar dans son offensive contre Tripoli en 2019
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Deux Russes liés à Prigojine ont été arrêtés en mai 2019 alors qu’ils étaient en liaison avec Saïf al-Islam Kadhafi au sujet d’un éventuel retour politique, et se trouvent aujourd’hui dans un centre de détention de l’aéroport de Mitiga à la périphérie de Tripoli. Le corps d’un combattant de Wagner est également détenu à proximité, ont indiqué des sources à MEE.

Pendant ce temps, les troupes de Wagner fortifient la ville de Syrte et la base aérienne d’al-Djoufrah sur la ligne de front qui descend dans le centre de la Libye. Ils occupent également Sharara, le plus grand gisement pétrolier du pays.

La Russie reste cependant un acteur clé dans les tentatives internationales de pourparlers de réconciliation entre les rivaux de l’Est et de l’Ouest de la Libye et aurait supervisé un dialogue en Égypte en septembre.

Mais cela n’a pas dissuadé les responsables libyens de l’Ouest de solliciter une nouvelle action internationale contre Wagner, dont les combattants semblent maintenant être devenus un élément permanent dans les rangs de Haftar.

« Les gens devraient se réveiller et prendre connaissance des crimes de Wagner – ici et dans le monde », estime à MEE Rabia Abu Ras, députée basée à Tripoli. « Ils sont comme Daech, un groupe terroriste. Maintenant, ils menacent même l’approvisionnement mondial en pétrole. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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